Le libertinage au cinéma : films à voir absolument
Ah le libertinage… cette notion à la fois fascinante et taboue, qui mêle érotisme, amour libre et jeux de séduction. Le cinéma a toujours été friand de ces thèmes sulfureux, cherchant à titiller le voyeurisme du spectateur tout en interrogeant les frontières de la morale et des conventions sociales. De la simple suggestion sensuelle aux scènes les plus explicites, les films dits « libertins » regorgent de moments aussi troublants qu’excitants.
En tant que grande amatrice de ce genre cinématographique audacieux, j’ai décidé de vous concocter une sélection des longs-métrages incontournables, de ceux qu’il faut avoir vus au moins une fois dans sa vie. Des classiques de la transgression aux plus belles surprises du 7e art, embarquement immédiat pour un voyage au pays des plaisirs décadents !
Les incontournables films libertins
Impossible de parler de libertinage au cinéma sans évoquer quelques oeuvres cultes qui ont marqué l’histoire. Des films qui, à leur sortie, ont provoqué le scandale par leurs représentations franches et novatrices de la sexualité. Parmi eux, comment ne pas citer le mythique « Eyes Wide Shut » de Stanley Kubrick (1999) ? Avec son ambiance onirique et ses scènes d’orgie masquée, ce long-métrage a fait couler beaucoup d’encre et de fantasmes. Le couple formé par Tom Cruise et Nicole Kidman explore ses limites dans une quête érotique mystérieuse et envoûtante.
Autre coup de maître du genre : « Les Liaisons dangereuses » de Stephen Frears (1988). Adapté du célèbre roman épistolaire de Choderlos de Laclos, ce film en costumes d’époque met en scène les jeux pervers et manipulateurs de la marquise de Merteuil (Glenn Close, magnétique) et du vicomte de Valmont (John Malkovich, diabolique). Ragots, complots et vengeances s’entrechoquent dans cette danse cruelle et sensuelle des sentiments. Un chef d’oeuvre intemporel.
Dans un autre style, plus récent et explicite, on peut citer « Nymphomaniac » de Lars Von Trier (2013). En deux volumes, ce film retrace sans tabou la vie sexuelle débridée d’une femme, de sa jeunesse à l’âge adulte. L’actrice Charlotte Gainsbourg y livre une prestation démente, n’hésitant pas à se mettre à nu pour incarner une véritable « nympho ». Un long-métrage choc, radical, parfois dérangeant mais indéniablement fascinant.
Les meilleurs films échangistes
L’échangisme est une pratique libertine par excellence, celle du partage des partenaires au sein d’un couple. Là encore, certains films ont su saisir toute la complexité et l’excitation de ce mode de vie hors-norme.
C’est le cas de « Happy Few » d’Antony Cordier (2010), qui suit le destin croisé de deux couples amis qui sombrent peu à peu dans une relation à quatre. Jalousie, rivalité, complicité, ce long-métrage français traite habilement des questions que soulève la pratique de l’échangisme amoureux et sexuel. Avec des scènes de sexe très réalistes, comme cette fameuse partie à quatre dans la farine !
Autre pépite française sur le sujet : « Une Partie de plaisir » de Claude Chabrol (1975). Ce classique met en scène un couple bourgeois qui goûte aux joies du libertinage lors d’un séjour en province. Le cinéaste dissèque avec finesse le désir, les non-dits et les faux-semblants. Tout en subtilité et en suggestions, ce film décortique brillamment la naissance d’une relation échangiste.
Plus récemment, « Bang Gang, une histoire d’amour moderne » d’Eva Husson (2015) a créé la polémique en montrant sans fard la sexualité débridée d’une jeunesse en quête de sensations. Dans cette chronique douce-amère, des adolescents s’adonnent sans limites aux délices de la chair et du plaisir partagé. Un film parfois cru mais toujours juste, qui rappelle avec justesse la soif d’expériences et de transgressions propre à cet âge.
Zoom sur les romances lesbiennes torrides
Au rayon des amours saphiques brûlantes, deux longs-métrages sortis ces dernières années ont su tirer leur épingle du jeu en dépeignant des relations passionnelles entre femmes.
« La Vie d’Adèle » d’Abdellatif Kechiche (2013) raconte ainsi l’histoire d’amour intense entre deux jeunes filles que tout oppose. Adèle, lycéenne un peu paumée, rencontre Emma, étudiante aux beaux-arts flamboyante. Leur idylle va les consumer, pour le meilleur et pour le pire. Mention spéciale aux scènes de sexe d’un réalisme et d’une sensualité rares, qui ont valu au film la Palme d’Or à Cannes.
Dans un autre registre, « Carol » de Todd Haynes (2015) oppose dans le New York des années 50 une bourgeoise divorcée (Cate Blanchett, sublime) à une jeune vendeuse candide (Rooney Mara, touchante). Entre elles naît un amour impossible et scandaleux pour l’époque. Les deux actrices irradient l’écran de leur alchimie sensuelle, dans ce magnifique mélodrame en costumes.
Enfin, plus récemment, le délicat « Portrait de la jeune fille en feu » de Céline Sciamma a ébloui la Croisette avec sa romance interdite entre une peintre et son modèle au XVIIIe siècle. La tension érotique et les jeux de regards enflammés portent ce film d’une beauté à couper le souffle.
Le sexe, le désir et l’amour du côté de l’animation
Si l’animation n’est pas le genre que l’on associe spontanément à l’érotisme, force est de constater que certains films ont réussi à y insuffler une vraie charge sensuelle et désirante, loin des clichés enfantins.
« Entergalactic » de Fletcher Moules (2022) est une petite pépite injustement méconnue. Sur une bande-son ensorcelante de Kid Cudi, ce long-métrage suit la rencontre et l’attirance immédiate entre deux voisins new-yorkais branchés. La peur de s’engager et de souffrir va compliquer leur idylle naissante. Mais au-delà de cette love story, c’est la chaude sensualité qui se dégage de l’animation qui frappe. Les corps et les décors vibrent littéralement de désir. Une vraie réussite.
Le thriller érotico-horrifique japonais « Perfect Blue » de Satoshi Kon (1997) vaut aussi le détour. Dans ce film à l’esthétique manga saisissante, une jeune star de la pop est harcelée par un fan obsessionnel. Fantasmes, hallucinations, enquête, tout s’entrechoque dans ce long-métrage à l’atmosphère malsaine et dérangeante. Les scènes de nu et de sexe, d’un érotisme trouble, participent à cette entreprise de déstabilisation. Un film culte, précurseur de l’animation adulte.
L’érotisme torride « so british »
Chez nos voisins d’outre-Manche aussi, on n’hésite pas à mettre en scène le sexe, le désir et la transgression !
Le récent « L’Amant de lady Chatterley » de Laure de Clermont-Tonnerre (2022), abondamment commenté sur les réseaux sociaux, en est la preuve éclatante. Cette énième adaptation du classique de D.H. Lawrence a fait monter la température sur Netflix, avec ses scènes passionnées entre la jeune épouse d’un lord infirme et un garde-chasse revêche et ténébreux. Emma Corrin et Jack O’Connell y déploient une alchimie palpable, dans ce film à costumes délicieusement olé-olé.
Autre adaptation british remarquée : « Lady Macbeth » de William Oldroyd (2016). Dans l’Angleterre victorienne, une jeune femme mariée de force s’abandonne dans les bras d’un domestique insolent. Meurtre, trahison et passion se mêlent dans ce drame envoûtant, porté par la prestation incandescente de Florence Pugh. Sous ses aspects de film d’époque, « Lady Macbeth » déploie une vraie puissance érotique, sombre et animale.
Érotisme espagnol, de l’audace et de la tension
De l’autre côté des Pyrénées, le cinéma n’a pas froid aux yeux et filme le désir et les corps avec un naturel confondant. Le genre a ses maîtres, à l’instar du grand Pedro Almodovar, dont les mélodrames sensuels (« Attache-moi », « La Mauvaise éducation », « La Piel que habito »…) ont fait le tour du monde.
Parmi les révélations plus récentes, on peut citer « Été 93 » de Carla Simón (2017), chronique poétique d’un été d’éveil amoureux et charnel. La réalisatrice y filme avec douceur et justesse les premiers émois de Frida, 6 ans, recueillie par sa famille après la mort de ses parents. Un film solaire qui évoque avec pudeur le désir enfantin.
Plus sulfureux, « Lust » d’ Ángel Mora (2022) dépeint les expériences sexuelles d’un groupe d’amis d’une vingtaine d’années, entre amour libre, rejet des normes et soif de découverte. Ce film choral cru mais jamais vulgaire capte avec justesse la libido débordante de cette jeunesse en quête de plaisir.
Enfin, le drame « El Ángel » de Luis Ortega (2018) raconte la dérive meurtrière de Carlos, un adolescent argentin magnétique au visage d’ange, dans le Buenos Aires des années 70. Violence, pulsions et homosexualité se mêlent dans ce film vénéneux, qui dégage une vraie tension homo-érotique dérangeante.